L’annonce de l’administration Trump, le mardi 1 avril, concernant l’imposition de droits de douane a suscité une vague de perplexité et de critiques. Prévue pour le 9 avril, cette salve tarifaire concerne pas moins de 60 pays. Elle viendra s’ajouter à un tarif de base de 10 % applicable à tous dès le 5 avril.
Sur le papier, Trump dit vouloir « punir » ceux qui profitent trop allègrement du bon cœur américain. Cependant, dans la liste des pays visés… on trouve des îles inhabitables, sans commerce, peuplées uniquement de pingouins.
Sans parler du fait que ces tarifs, censés équilibrer les déficits commerciaux des États-Unis avec divers pays, semblent avoir été calculés selon une méthode pour le moins inhabituelle. Elle ressemble étrangement à des suggestions formulées par des IA.
Plusieurs ont confié leur incompréhension face à ces choix. L’administrateur de l’île Norfolk, George Plant, a même déclaré : « Il n’existe aucune exportation connue de notre île vers les États-Unis. Et aucune barrière douanière connue en sens inverse. »
Et si c’était ChatGPT le vrai conseiller économique ?
La méthode de calcul adoptée par l’administration Trump ressemble plus à un devoir de maths de collège qu’à une stratégie économique d’envergure. Bon, j’exagère un peu mais quand même.
L’économiste James Surowiecki a démonté publiquement la méthode utilisée par la Maison-Blanche. Selon lui, les chiffres sont « bidons ». Ils sont uniquement basés sur le déficit des biens (en ignorant totalement les services), sans tenir compte des barrières douanières réelles.
La formule ? On prend le déficit commercial avec un pays, on le divise par ce que ce pays exporte vers les États-Unis, et hop : ça donne un tarif. Facile. Un peu trop facile même, selon Surowiecki, qui a résumé l’approche comme « stupide et trompeuse ».
?ref_src=twsrc%5Etfw">April 3, 2025This might be the first large-scale application of AI technology to geopolitics.. 4o, o3 high, Gemini 2.5 pro, Claude 3.7, Grok all give the same answer to the question on how to impose tariffs easily. pic.twitter.com/r1GGubcz8c
— rohit (@krishnanrohit)
Or, les conséquences pourraient être sévères. Flambée des prix pour les consommateurs américains, tensions avec les partenaires commerciaux, et effet boomerang assuré sur les entreprises du pays.
La meilleure partie de l’histoire, c’est cette rumeur qui enfle sur les réseaux sociaux. Et si ces calculs venaient… de chatbots ? Et j’avoue que ce n’est pas absurde comme question.
D’autant plus que des captures d’écran circulent. Tous montrent que ChatGPT, Gemini, Claude ou Grok donnent des réponses très proches quand on leur demande comment imposer des droits de douane pour équilibrer les déficits commerciaux.
La prudence est de mise, et c’est l’IA qui le dit
Ce qu’il faut savoir c’est que si vous demandez une telle chose à des modèles d’IA, ils prennent soin de glisser des avertissements à chaque réponse.
ChatGPT précise, par exemple, que cette méthode néglige « la complexité du commerce international ». Gemini parle d’« approche conceptuelle trop simplifiée ».
Claude insiste sur les dommages collatéraux : hausse des prix, représailles économiques, erreurs d’interprétation. Et Grok résume ça joliment : « Imposer des droits de douane, c’est brutal : facile à activer, mais difficile à assumer ensuite. »
Même lorsqu’on reformule la question à l’identique des propos de l’administration Trump, les chatbots finissent par proposer… les mêmes calculs. De là à dire qu’ils ont été consultés en coulisse ?
Bref, officiellement, la Maison-Blanche réfute toute utilisation d’outils d’IA. Et ce, même si la coïncidence entre les calculs des chatbots et ceux de l’administration sont trop parfaite pour être anodine.
Quoi qu’il en soit, si l’on croit Donald Trump, ces droits de douane devraient relocaliser la production, booster l’industrie américaine et offrir de « meilleurs salaires » aux travailleurs locaux.
C’est aussi, affirme-t-il, une promesse tenue envers ses électeurs. La fiche officielle de la Maison-Blanche ne cache pas son enthousiasme : « C’est ce que le peuple voulait. C’est ce pourquoi il a voté. »
Cela dit, à l’heure où sa popularité flirte avec les abysses, pas sûr que les électeurs soient prêts à applaudir une guerre commerciale. Surtout que cette dernière risque de faire grimper le prix des machines à laver, tout en énervant des pingouins qui n’avaient rien demandé.
- Partager l'article :