Les LLM comme ChatGPT, Gemini et Claude vont-ils bientôt être obsolète ? Pour Yann LeCun, l’un des pères de l’IA moderne, c’est un grand oui. Il nous explique pourquoi les modèles actuels ne sont qu’une étape intermédiaire vers quelque chose de bien plus grand et plus intelligent.
Les modèles comme ChatGPT ou Claude savent générer des textes, écrire du code, vous aider sur un devoir ou résumer un roman en un éclair. Mais voilà, selon Yann LeCun, un des pionniers de l’IA, ces LLM sont déjà en train de devenir obsolète. Et il ne parle pas de mise à jour logicielle ou de version 5.5, non.
LeCun, lauréat du prix Turing et cerveau derrière Llama, pense que les LLM sont des outils limités, incapables de vraiment comprendre le monde. Et il prépare avec ses équipes une toute nouvelle génération de systèmes d’IA. Des machines capables de planifier, de raisonner, de manipuler le réel.
Bye bye les LLM obsolètes, bonjour les vrais cerveaux artificiels
Ainsi, Yann LeCun, l’un des papes de l’IA, pense que les grands modèles de langage (LLM) comme ChatGPT, Gemini ou encore Claude seront obsolètes d’ici cinq ans. Et quand c’est LeCun qui parle, nous écoutons. Après tout, c’est l’homme qui a contribué à créer Llama, le modèle de Meta.
D’après lui, les LLM ne font que rédiger du texte sans vraie compréhension du monde. Ils prédisent le mot suivant, point. Ainsi, ces outils n’ont pas de raisonnement ni de planification. Il compare ça au Système 1 de Daniel Kahneman qui est rapide, réactif, mais dépourvu d’intelligence.
Ce que LeCun et son équipe de Meta veulent créer, c’est donc une IA qui comprend vraiment le monde physique. Leur approche, appelée JEPA (Joint Embedding Predictive Architecture), vise à intégrer de vraies représentations mentales dans les systèmes d’IA. Des IA qui peuvent raisonner, planifier et atteindre des objectifs.
Par ailleurs, je me souviens que LeCun a conseillé l’an dernier à de jeunes développeurs de ne pas perdre du temps avec les LLM. « Laissez ça aux grosses boîtes. Concentrez-vous sur la nouvelle génération d’IA » affirme-t-il.
?ref_src=twsrc%5Etfw">May 22, 2024If you are a student interested in building the next generation of AI systems, don't work on LLMs https://t.co/H1qX3gClEu
— Yann LeCun (@ylecun)
Non, l’IA ne va pas nous détruire
Le paradoxe est également assez fou. Les LLM réussissent le barreau ou résolvent des intégrales, mais ne savent même pas comment fonctionne une tasse de café. « Où est notre robot domestique ? » demande LeCun. Un chat, selon lui, est plus intelligent dans le monde réel que n’importe quel chatbot. LeCun veut alors créer une IA aussi intelligente qu’un chat avant de prendre sa retraite. Et il rigole en disant que ça approche vite.
Pourquoi ? Parce que le langage, aussi complexe soit-il, reste un domaine discret, statistiquement prévisible. Le monde réel, lui, est plutôt flou, dynamique et rempli d’imprévus. Et là-dessus, les LLM se cassent vraiment les dents.
En outre, contrairement à d’autres stars de l’IA, comme Geoffrey Hinton, LeCun ne croit pas à une apocalypse technologique. Pour lui, l’intelligence pure n’est pas le pouvoir absolu. Il atteste même que « ce ne sont pas les plus intelligents qui dirigent le monde ». Qui plus est, nous pouvons toujours mettre des garde-fous à l’IA.
LeCun imagine également un monde où les IA collaborent, se surveillent entre elles, se corrigent. Et nous, humains ? On devient les chefs et les managers. Afin que tout ça fonctionne bien, LeCun insiste sur le fait d’avoir besoin de l’open source. Sans ça, aucun pays ne pourra vraiment maîtriser l’IA. L’open source, c’est la base pour construire une IA fiable, locale, et surtout souveraine.
Yann LeCun, l’ingénieur qui a appris aux machines à voir
Né en France en 1960, Yann LeCun est tombé dans l’IA avant que le mot soit à la mode. À 9 ans, c’est le film 2001 : L’Odyssée de l’espace qui a allumé l’étincelle avec les voyages spatiaux, intelligence émergente, systèmes auto-organisés… tout ce qui façonnera sa carrière.
Dans les années 1980, alors que l’IA symbolique domine, LeCun mise à contre-courant sur les réseaux neuronaux. Il développe alors la rétropropagation, une technique clé pour apprendre à partir des erreurs. Plus tard, aux Bell Labs, il conçoit les réseaux convolutifs, piliers actuels de la vision par ordinateur.
Grâce à ses travaux, la Poste US reconnaît des chèques automatiquement et les IA modernes voient enfin comme nous. Prof à NYU, puis recruté par Meta, LeCun n’a jamais cessé de croire que l’intelligence ne se programme pas ligne par ligne, mais émerge des interactions entre neurones artificiels.
- Partager l'article :