Le légendaire Wu-Tang Clan a toujours été synonyme de créativité brute et d’authenticité. Pourtant, leur dernier clip, « Mandingo », réalisé par Jason Zada, marque un tournant inattendu.
Contrairement aux productions classiques du groupe, ce clip a été entièrement généré par l’IA, notamment grâce à DeepMind Veo 2 de Google.
L’univers visuel du Wu-Tang Clan repose sur un mélange unique d’arts martiaux, de mythologie urbaine et de scènes épiques. Dans « Mandingo« , on retrouve ces codes avec des combats stylisés et une réinvention de Shaolin, cet univers fictif cher aux membres du groupe. Cependant, l’exécution technique du clip laisse perplexe.
Dès les premières secondes, les imperfections de l’IA deviennent évidentes. Le protagoniste change de visage à plusieurs reprises, comme s’il était plusieurs personnes à la fois. Sa complice, elle, voit la longueur de ses cheveux varier sans raison. Pire encore, les antagonistes affichent des mouvements robotiques et des visages déformés, ce qui rend les combats saccadés et artificiels.
Un accueil glacial de la part des fans
Si le Wu-Tang Clan a souvent exploré de nouvelles formes artistiques, cette tentative d’IA générative ne passe pas. De nombreux fans ont critiqué la laideur du clip et son manque d’âme. Un utilisateur de Threads n’a pas mâché ses mots : « Wu-Tang a sorti une vidéo pour son dernier single, et tout est en IA. C’est moche, sans relief, plein d’erreurs flagrantes et dénué de tout esprit et de toute émotion. »
D’autres se demandent pourquoi un groupe aussi influent a choisi cette approche. « Tout aurait pu être fait avec des effets spéciaux classiques », regrette un internaute.
Face à la polémique, RZA, le leader du groupe, avait déjà partagé son avis sur l’IA en 2023 lors d’un entretien avec Rolling Stone. Pour lui, l’IA est un outil puissant, au même titre que les samplers ou les logiciels de production.
« Elle devrait être comme l’ASR, le MPC, Pro Tools ou Ableton : un outil supplémentaire pour exprimer et capturer des idées créatives musicales. »
Cependant, il reconnaît aussi les dangers de cette technologie. Si l’IA prend trop de place, elle pourrait affaiblir l’inspiration humaine et dénaturer l’essence même de la création musicale.
Qui est responsable de cette direction artistique ?
Le réalisateur Jason Zada n’a pas encore répondu aux critiques. Pourtant, un indice mène à Danny Hastings, le directeur créatif de longue date du Wu-Tang Clan. Sur son compte Instagram, il partage des œuvres manifestement générées par IA, truffées d’erreurs anatomiques absurdes comme des mains à six doigts.
Le Wu-Tang Clan a toujours proposé des clips marquants et visuellement impressionnants, réalisés avec des caméras, des décors travaillés et des effets spéciaux soignés. Pourtant, avec « Mandingo« , ils semblent avoir sacrifié l’authenticité pour une solution plus rapide et controversée.
Le groupe ou le réalisateur réagiront-ils aux critiques ? Une chose est sûre : cette incursion dans l’IA générative ne fait pas l’unanimité et pourrait marquer un tournant inattendu dans l’histoire du Wu-Tang Clan.
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